Men, Women and Children / Jason Reitman

Men, Women and Children / Jason Reitman. 2014. 1h59.


Avec Rosemarie deWitt, Judy Greer, Jennifer Garner, 
Adam Sandler, Dean Norris, Kaitlyn Dever, Ansel Elgort 
et la voix d'Emma Thompson. (10/12/2014).



Film satirique sur notre société et la prédominance des réseaux sociaux, d'Internet dans nos relations familiales, amicales ou amoureuses.

Film sur la transformation de notre relation à l'autre, et des relations entres adultes et adolescents.

Jason Reitman choisit une galerie de personnages qui se croisent, se mailent, s'écrivent via leurs écrans d'ordinateurs, de portables.
Personnages qui s'ennuient dans leur vie de couple, et tentent de réveiller leurs sens grâce à des sites de rencontres. 

Quant à leurs rejetons, ils sont nés dans la toile, et leurs existences tournent autour de leur écran, des SMS échangés ou des jeux en ligne, le partage de photos, de vidéos.

Parents dépassés, complices ou totalitaires...
Tous apparaissent dans ce tableau : Kent largué et inquiet que son fils Tim qu'il voyait footballeur, passe ses journées sur des jeux en ligne, et avoue ne pas avoir de vrais amis dans l'IRL (In Real Life).
Donna, mère de la belle Hannah, qui n'hésite pas à photographier sa fille à chaque occasion, pour alimenter le site qu'elle a crée pour sa fille, pour l'aider à réaliser son rêve, celui de devenir actrice. Pour la soutenir, Donna met toutes les photos d'Hannah sur le site, et se félicite de voir de nombre d'abonnés augmenter, y compris quand de nouveaux fans ont des demandes moins innocentes.

Patricia, mère de Brandy, est convaincue qu'Internet comporte des risques infinis, et que sa fille doit être protégée.
Elle ne lui laisse par conséquent aucune liberté, surveille ses textos, et ses mails. Elle n'hésite pas à supprimer quelques messages de l'ordinateur de sa fille dont elle détient tous les mots de passe.
Elle épluche ses conversations, et la géolocalise avec son téléphone portable.
Brandy est donc la seule lycéenne de son établissement à aimer lire, et à ne pas tout confier à ses écrans.

Mais dans cette époque "formidable", où tout se partage et tout se voit, se sait, les identités ne sont pas encore modelables, les adolescents ne rentrent pas dans les cases où les parents voudraient les enfermer.
Le bonheur que jeunes et moins jeunes cherchent est rarement ce que les sites de rencontres proposent. 

Jason Reitman ne juge pas ses personnages, ne filme pas une société décadente, en quête de fantasmes de plus en plus choquants.
Il montre des hommes et des femmes à la recherche de sentiments, de complicité et d'affection, de compréhension.

Dans notre société si moderne et capable de faire des milliers de kilomètres en un éclair, il faut un certain courage, une certaine chance pour faire une rencontre véritable, celle qui changera son existence, et qui est de plus en plus rare. Mais parcourir ce petit bout de chemin semble là insurmontable, au-dessus de nos forces.

L'emprise d'Internet, des réseaux sociaux, des partages ne créent pas des liens, mais des peurs.
On mail, on échange, on chatte à distance, mais le face-à-face est devenu une de nos plus grandes peurs.
Faire face, rencontrer celui ou celle qui changera notre coeur, et notre vision de la vie, est ce que nous redoutons le plus aujourd'hui.
Comme nous passons à côté de gens que l'on dit aimer, avec qui l'on vit, et que l'on croit connaître, et dont nous nous échappons par la priorité que nous donnons à nos écrans.

Comme si notre vie, et la vie de nos enfants étaient ailleurs, et comme si nous étions en transit entre notre Vie Réelle et notre Vie Rêvée.

Préoccupant ce film de Jason Reitman, intéressant et intelligent, car il nous impose de reprendre les rênes de nos vies, et d'entendre une des réplique de Brandy d'une oreille attentive : "Quand je suis sur Internet, c'est comme si je me déguisais, et puis après, j'oublie que ce n'est pas moi."
De réaliser, que la liberté qui existe derrière nos écrans, ne nous débarrasse pas de l'enveloppe de notre identité.
De quoi se donner le courage de vivre réellement une vie plus épanouie, et moins virtuelle, pendant qu'il en est encore temps.

(c) Véronique Meynier, 21/12/2014





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