Capharnaüm / Nadine Labaki

Capharnaüm / Nadine Labaki. 2018. 2h03.



Avec Zain Alrafeea, Nadine Labaki, Yordanos Shifera. (Sortie : le 17/10/2018)


Synopsis : À l'intérieur d'un tribunal, Zain, un garçon de 12 ans, est présenté devant le juge. À la question : "Pourquoi attaquez-vous vos parents en justice ?", Zain lui répond : "Pour m'avoir donné la vie !". Capharnaüm retrace l'incroyable parcours de cet enfant en quête d'identité et qui se rebelle contre la vie qu'on cherche à lui imposer. 

Récompensé à Cannes cet été par le Prix du Jury, ce film repose sur l'enfance maltraitée dans un quartier de Beyrouth. Les parents de Zain exploitent leur fils, qui travaille pour pouvoir nourrir les nombreux frères et sœurs de la famille. 

Zain regarde les autres enfants aller à l'école, sans jamais pouvoir s'y rendre, ses journées tant chargées puisqu'il est le seul à aller travailler.

Son âge n'est qu'approximatif, puisque ses parents n'ont jamais  déclaré sa naissance, et qu'il est donc inconnu des services d'état civil.

Zain ramène à manger à ses sœurs, et a une affection bienveillante pour celle dont il est le plus proche, Sahar. Dès ses onze ans, il s'inquiète de son avenir, car il découvre qu'elle a ses règles, et que si ses parents le découvrent, ce sera pour eux une bonne raison de la marier, de la "vendre" au premier homme qui viendra en faire la demande.

Malgré ses attentions, et son amour pour sa sœur, Zain ne peut rien si jeune pour s'opposer à ce mariage qui lui déchire le cœur, et le fait fuguer, avec une haine et une impossibilité de vivre dans sa famille, de pouvoir leur pardonner de ne pas avoir préservé, protégé sa chère sœur qui si jeune mourra d'une grossesse bien trop précoce que son corps n'est pas apte à subir, à supporter.

L'interprétation du jeune Zain Alrafeea est bouleversante. Du haut de ses douze ans, il veille sur les enfants qui croisent sa route, comme s'il en était leur père aimant et courageux.

Film grave sur une enfance qui n'est pas systématiquement protégée par les adultes, dans le monde. Zain porte plainte au début du film  contre ses parents qui lui ont donné la vie sans lui donner aucun amour. Qu'il aurait été préférable qu'ils ne deviennent jamais parents, qu'il n'aient jamais d'enfant, puisque les capacités humaines pour éduquer avec bienveillance leur manquent. Qu'ils ne doivent plus jamais mettre personne au monde !

Le film de Nadine Labaki est un film remarquable pour l'émotion et la gravité qui s'en dégagent et l'interprétation fine et subtile de Zain, enfant qui porte toutes les responsabilités du monde  qui l'entoure face à des adultes défaillants, égoïstes, sans scrupules et si décevants.

Film sombre par la dureté de ce qu'il montre, et film lumineux par l'énergie et le courage que Zain et l'enfance en règle générale donne toujours aux adultes.

(c) Véronique Meynier, le 27/10/2018.






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