Still Alice / Richard Glatzer & Wash Westmoreland


Still Alice / Richard Glatzer & 
Wash Westmoreland. 2014. 1h39.























Avec Julianne Moore (Oscar de la meilleure actrice obtenu le 23/02/2015), Alec Baldwin, Kristen Stewart, Kate Bosworth, Shane McRae. (18/03/2015).
D'après le roman de Lisa Genova.


Quelle formidable actrice cette Julianne Moore, qui interprète ici si subtilement une femme atteinte d'une maladie d’Alzheimer précoce, rôle récemment et très logiquement récompensé par l'Oscar 2015 de la meilleure actrice. 

Julianne Moore campe ici une femme brillante, qui enseigne la linguistique à l'université. Et qui va découvrir sa maladie lors d'un de ses cours, où les mots lui échappent, s'embrouillent, alors qu'elle connaît sur le bout des ongles le sujet de la cognition des jeunes enfants qu'elle expose devant une centaine d'étudiants, tout d'abord éblouis, et finalement déçus par cette femme qui finit par perdre le fil de son explication.  

L'interprétation de l'ensemble des acteurs est exceptionnelle, grâce à un jeu tout en finesse, qui montre avec intelligence et sensibilité, l’évolution éclair de cette maladie qui fait des ravages.

Film qui ne plonge jamais dans le pathos, mais qui nous laisse dans l'émotion, : "Je visualise les mots sans les atteindre» avoue cette mère à sa fille, dans une conscience de ce qu'elle est en train de perdre en toute lucidité.

Et même quand elle viole l’intimité de sa fille en lisant son journal intime, sa fille ressent légitiment cette intrusion comme une des plus grandes trahisons, et une distance entre elles apparaît.
Mais la brouille est vite enterrée, la mémoire maternelle défaillante l'informant le lendemain qu’elles se sont disputées, tout en n'ayant aucun souvenir de l’objet de la dispute.
Comment en vouloir à quelqu’un qui vous a trahi, mais n’a gardé aucun souvenir de ce qu’elle pourrait être en mesure de révéler ?

"Notre personnalité est réduite par le regard de ce que nous sommes devenus dans l’œil de celui qui nous a connu et vit notre dégénérescence" dixit un discours que cette femme (oratrice à l'université avant sa maladie) fera devant des malades d'Alzheimer, dans une salle d'hôpital. Discours qu'elle surligne au fur à mesure qu'elle dit les phrases, pour ne pas risquer de répéter dix fois les mêmes mots.

Extraordinaire film sur la perte de ceux que l'on aime, et de ce que l'on était, tout en étant toujours en vie, mais diminué de ce qui fait notre essence, et qui donne un sens à notre existence.

Ce film est bouleversant, et magistral d'intelligence, de sensibilité.

Véronique Meynier (le 18/04/2015).



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