De l'autre côté de la porte / Laurence Thrush
Sur le même sujet que le film :
Le 16/06/2020 à 21H, à voir sur France 5, Le Monde en face, Qui sont les Hikikomori, ces reclus volontaires ? Documentaire réalisé par Michaelle Gagnet.
De l'autre côté de la porte / Laurence Thrush. 2009. 1h50.
Ce film japonais, tourné en noir et blanc, est plus un documentaire qu'une fiction.
Il aborde l'envers du décor d'un pays dont l'excellence économique est portée aux nues, mise systématiquement en avant, avec l'idée liée et préconçue que sa société est également exemplaire.
Avec "De l'autre côté de la porte", on découvre un phénomène extrême d'une partie de cette société : l'enfermement volontaire et très soudain de jeunes gens, qui vivent reclus durant des années, sans plus aucun lien social : les Hikikomoris.
Laurence Thrush, nous ouvre les portes d'une famille, celle de Hiroshi, adolescent ordinaire. Il a un petit frère avec qui il rentre tous les soirs de l'école.
Un jour, sans raison particulière, il stoppe son pas et s'immobilise sur le trottoir, sans que son cadet puisse obtenir une seule réponse à son attitude.
Quand ce dernier le presse de rentrer chez eux, il a une réaction pleine de violence en l'attrapant méchamment et en lui vidant avec agressivité le contenu de son cartable par terre.
Hiroshi n'a jamais eu ce genre de comportement, et son petit frère mal à l'aise rentre seul chez eux.
Cette étape qui repose sur une raison inconnue signe la fin d'une vie ordinaire pour Hiroshi et sa famille.
A partir de ce jour, il reste cloîtré dans sa chambre, refuse d'en sortir, d'aller en cours.
Non seulement Hiroshi s'enferme volontairement et sans en expliquer la raison, mais il entre dans un total mutisme.
Sa mère lui dépose un premier plateau repas devant sa porte, en pensant que demain sera un autre jour, et qu'il redeviendra l'adolescent, l'enfant qu'elle connaît, qu'elle aime, et qui est un jeune garçon ordinaire.
Malheureusement, des jours, des semaines, des mois passeront sans que rien ne change, si ce n'est la honte que cette situation fait ressentir à son père, qui s'en ira.
Il faudra attendre 18 mois pour que sa mère cherche une aide extérieure, et cherche une solution concrète pour les sortir tous les trois de ce cauchemar. Ce qui donne une richesse supplémentaire, entendre d'autres anciens Hikikomoris parler de leur expérience de cet enfermement volontaire, radical, soudain qui pour certains aura duré jusqu'à cinq ans.
Documentaire très fort et sensible, dont l'interprète qui incarne Hiroshi, Kenta Negishi, est un ancien Hikikomori.
Phénomène stupéfiant et incompréhensible d'assister à cette retraite volontaire, qui coupe les liens familiaux au sein même de la cellule familiale, et ce paradoxe que l'on vit ensemble sans se voir durant des années.
Film qui ne juge rien des protagonistes, mais a le grand mérite de nous faire découvrir ce comportement de repli sur soi, dû à une détresse extrême qui n'a malheureusement donné aucun signe avant-coureur susceptible de permettre une prise en charge de cette souffrance avant qu'elle ne se dévoile d'une façon aussi violente, et qu'une aide s'avère alors tellement un parcours du combattant.
Sur ce trouble psychologique, qui semble toucher environ 300.000 adolescents de 12 à 13 ans, il existe un très joli roman, celui de Milena Michiko Flašar, auteur de "La cravate". (Citations de Milena Michiko Flašar).
Après l'image, une façon de faire plus ample connaissance avec ce sujet.
ⓒ Véronique Meynier, le 25/04/2015. Article mis à jour le 16/06/2020.
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