Les héritiers / Marie-Castille Mention-Schaar


Les héritiers. 1h45. 2014.


Avec Ariane Ascaride (Anne Guegen), Ahmed Dramé (Malik), Noémie Merlant (Mélanie), Geneviève Mnich (Yvette), Aïmen Derriachi (Said), Wendy Nieto (Jamila), Stéphane Bak (Max), Mohamed Seddiki (Olivier / Brahim). (03/12/2014).

Tirée d'une histoire vraie, ce film est une bouffée d'optimisme, sur l'école, la vocation et le dévouement de certains profs.

C'est avant tout un très beau film sur une école qui marche lorsqu'on fait confiance aux élèves, que l'on croit en eux, et que l'enseignement permet une construction du citoyen.

Au lycée Léon Blum de Créteil, la classe de Seconde 1 est réputée difficile, fréquentée par des élèves ingérables, violents, et au niveau très faible.

Cette classe a la chance de faire la plus belle des rencontres le jour de la rentrée : Madame Gueguen, professeur d'histoire, leur professeur principale, et avant tout une femme qui croit en eux.

Elle n'enseigne pas par hasard, ne se retrouve pas en banlieue, dans un lycée difficile par fatalisme. Chaque année, cette femme sait qu'elle a le pouvoir de donner confiance en eux aux élèves, et que la culture, la lecture, peut changer la donne, en redonnant à ces jeunes les rênes de leur destin.

Elle est professeur d'histoire de l'art, que ses élèves méprisent comme une "matière pour les bourges" dont ils n'ont que faire. Comme la plupart d'entre eux méprisent les cours, habitués à leur situation d'échec scolaire qui ne date pas d'hier. Leur vie semble être ailleurs, et les cours considérés comme un bagne dont ils seront bientôt libérés. 

Ariane Ascaride habite merveilleusement la puissance et la bienveillance de cette femme, de cette enseignante, qui au fil des cours éveille l'intérêt des élèves, sur lesquels ce regard positif fait du bien, et qui gagne le respect des élèves en leur accordant le sien.

Si un autre de leur professeur leur assène à longueur d'année, qu'ils sont mauvais et qu'ils n'ont aucune chance de décrocher le bac, Madame Gueguen leur affirme qu'ils sont capables du meilleur, s'ils se mettent à réfléchir par eux-mêmes, à se cultiver, et à interpréter à leur manière l'Histoire avec laquelle ils vont enfin faire connaissance.

C'est donc par le biais d'un concours national proposé aux lycées que la classe va enfin réaliser que l'école est une porte d'entrée à la réflexion, à la liberté, et par conséquent la seule chance d'acquérir la capacité de réussir sa vie.

La classe participera au Concours National de la Résistance et de la Déportation pour collectivement se questionner sur le racisme, la responsabilisation, et l'Histoire à laquelle ils n'ont jusqu'à présent porté aucune attention, alors que la découvrir, va les faire naître.

Ce film tirée d'une histoire réelle de projet pédagogique mené par une femme qui veut jouer son rôle d'éducateur et de tremplin à l'épanouissement de l'être humain est bouleversant.

Comme l'est tout autant la révolution intérieure qui s'opère dans des identités en manque de repères et d'idées d'avenir qui se réfugient dans la délinquance ou la violence, et qui s'avèrent êtres des jeunes gens sensibles, intelligents, compatissants, dès que la mise en valeur de leurs qualités sont respectueusement mises en avant.

Film magnifique qui à différents titres est une remarquable leçon d'optimisme et de certitude que la culture ne peut pas rendre l'homme perpétuellement déviant.

Film bouleversant par le témoignage de Léon Zyguel, présent dans la classe pour parler de la déportation et de sa famille qu'il y a perdue à Auschwitz, et qui n'émeut pas que les élèves.

Ce film est adapté de l'histoire d'Ahmed Dramé "Nous sommes tous des exceptions" aux Editions Fayard, et a été tourné avec de vrais élèves du lycée Léon Blum de Créteil.

(c) Véronique Meynier, le 19/07/2015


  

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